Tuesday, April 17, 2007

 

Accueil d'urgence : Une porte qui s'ouvre sur l'espoir

Une femme battue par son mari s'enfuie de chez elle sans même prendre le temps d'enfiler un vêtement, un jeune qui ne fréquente plus l'école est mis à la porte par ses parents, un homme en arrêt longue maladie est expulsé de sa maison... Ils sont plus de 1;2 million en France à composer le 115, le numéro national d'urgence gratuit pour les sans-abri. Plus des deux tiers des demandes concernent l'hébergement. Chaque année, ils sont de plus en plus nombreux à pousser la porte d'un centre d'accueil d'urgence pour demander le gîte et le couvert. Les plus jeunes et les plus combatifs ont des chances de retrouver une vie normale, à condition de ne pas s'enfermer trop longtemps dans un système d'assistance. Les autres auront besoin d'une prise en charge plus longue, ne serait-ce que pour les empêcher de perdre pied. Dans les centres d'urgence, de nuit comme de jour, les professionnels tentent de donner un peu plus que le minimum vital. Grâce à un travail de fourmi, ils essaient d'aider la personne à formuler un projet.

Le petit café avec la tartine du matin est une bonne occasion de lier connaissance, explique cette responsable d'un accueil de jour. Il suffit d'une poignée de mains ou de se rappeler qu'un tel prend trois sucres dans son café ou du lait. Dans un monde où bien souvent les passent regardent par terre quans ils croisent un sans-abri, ce sont de petits signes de reconnaissance qui apportent un réconfort. Des petits riens qui installent une relation. Il y a un échange qui se fait et qui les empêche de se sentir totalement exclus. A force d'écoute et de patience, un jour, les langues se dénouent au hasard d'une circonstance. La personne raconte un bout de son histoire et les professionnels tentent de déceler ses besoins à travers son discours. Ils vont alors commencer un travail en profondeur pour l'orienter vers les services spécialisés. "certains ont perdu tous leurs repères. Il faut leur réapprendre les principes d'hygiène : se laver, porter des vêtements propres, prendre soin d'eux.

Nous prenons rendez-vous avec un médecin. Nous intervenons auprès des organismes pour défender un dossier afin d'obtenir des papiers d'identité, le RMI ou l'accès aux soins. Peu à peu, la personne retrouve ses droits, et une image d'elle-même qui soit digne, explique un travailleur social d'un centre d'accueil. L'objectif est d'amener la personne à avoir envie de quitter cette situation marginale. "Si cette demande n'est pas formulée, tous ses efforts seront voués à l'échec. La personne risque alors de s'isoler davantage. Elle ne viendra plus. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il faut beaucoup d'énergie pour dire stop, j'en ai assez de dormir dehors" prévient Odile Jeandeau, directrice d'un centre d'hébergement et d'accueil de la région parisienne.

Tout projet de réinsertion demande du temps. "Plus la personne sera restée longtemps à la rue, plus il faudra du temps pour l'aider à s' en sortir. Il faut environ cinq ans pour qu'une personne commence à se reconstruire" reconnaît la responsable d'un centre pour sans-abri. Or, l'accueil dans les centres d'urgence est par nature de courte durée. Les gens viennent dormir pour quelques nuits tout au plus et vont dans un autre centre, ce qui n'est évidemment pas satisfaisant. Ces centres servent souvent de passerelles vers des structures d'accueil plus pérennes. Signe des temps, ces structures sont un peu plus nombreuses à accueillir les gens sans limitation de durée.
l'Etat a, semble-t-il, pris en compte la demande des associations : c'est une nécessité pour ces personnes de trouver une situation stable, et il devrait créer d'ici 2007, 4000 places supplémentaires dans les centres d'accueil.

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