Thursday, April 26, 2007

 

chapitre 5

Nous avons formé cinq groupes de jeunes. Le premier à Orly, âgé de 18 à 23 ans, était principalement recruté dans la cité des Saules et composé pour moitié de Français et pour moitié d'immigrés. Il y avait deux filles et c'était un groupe plutôt détendu, parlant aisément et avec lequel nous avons construit les premières ébauches d'une analyse générale. Le groupe de Champigny était formé de jeunes de la cité des Mordacs, de celle de Bois-l'Abbé et du reste de la commune à partir d'un club de moto. Du même âge que celui d'Orly, avec quelques filles, il était formé de Français et d'immigrés. En revanche, le hasard de la constitution en a fait un groupe beaucoup plus violent, "enragé", que celui d'Orly. Ses capacités d'analyse ont été aussi plus fortes sans que cela tienne à la situation sociale des jeunes, qui étaient tout aussi chômeurs et délinquants que ceux d'Orly. Nous verrons que c'est la rage elle-même qui peut expliquer cette capacité de réflexion sur soi. Le groupe de Vénissieux a été formé aux Minguettes au lendemain de la Marche pour l'égalité partie de la cité à l'automne 1983. La constitution de ce groupe n'a été possible que par la longue présence d'Adil Jazouli dans la cité. Ce groupe, dans lequel les immigrés étaient très majoritaires, était aussi âgé de 18 à 25 ans, avec trois filles, et formé pour moitié de militants de la Marche et pour moitié de jeunes qui avaient suivi le mouvement de beaucoup plus loin. Ce groupe a été le plus chaud à cause de la proximité de la Marche et du caractère particulier des Minguettes. Nous nous sommes retrouvés à quarante dans la salle; d'autres jeunes voulaient assister à la recherche, à la fois par curiosité et pour "surveiller" ceux qui parlaient en leur nom. Ceci n'a pas été sans provoquer des incidents qui ont été utiles dans la recherche. En France, le dernier groupe a été formé à Clichy. Sa principale caractéristique a été sa beaucoup plus grande jeunesse puisque la majorité des jeunes avaient de 16 à 18 ans. Le groupe de Clichy a été moins actif que les autres, mais sa jeunesse nous a donné des informations importantes.
Le cinquième des groupes de jeunes a été formé à Seraing, ville ouvrière traditionnelle de la banlieue de Liège, par une équipe de sociologues belges. Ce groupe était aussi âgé de 16 à 23 ans avec quelques filles et un nombre important d'immigrés italiens. Il nous a servi de point de comparason par rapport à l'expérience de la galère qui caractérisait les groupes français. Nous avons travaillé en Belgique avec la même technique que dans les autres cas. Dans l'ensemble, c'est une soixantaine de jeunes qui ont participé à cette recherche qui s'est déroulée durant environ cent cinquante heures de travail.

 

chapitre 4

Il faut avouer qu'après les premiers contacts sur le terrain et les mises en garde des travailleurs sociaux, la constitution de tels groupes nous semblait impossible. Les jeunes parlaient très peu dans les entretiens individuels et il était difficile de passer le stade de stéréotypes les plus plats; ils paraissaient souvent persuadés de n'avoir rien à dire. Les travailleurs sociaux qui nous ont aidés en favorisant les premières rencontres et en nous prêtant de locaux étaient sceptiques parce que nous ne proposions rien en échange de ce travail. Alors, pourquoi les jeunes sont-ils venus? Il semble que beaucoup aient été excités par le caractère insolite de notre démarche car plus nous nous démarquions des travailleurs sociaux et plus nous avions une présentation brutale de la recherche, celle d'un travail centré sur un objectif de connaissance, plus les jeunes semblaient intéressés. Inconstestablement, le désir de participer à la recherche a été accentué par la possibilité de rencontrer des interlocuteurs à l'égard desquels les jeunes en ont "gros sur le coeur", principalement les policiers et les élus locaux. La situation de recherche proposait des rencontres à "égalité" avec ces acteurs qui, habituellement, dominent les jeunes. D'autres sont venus par ennui ou peut-être parce qu'ils ont trouvé les chercheurs sympathique et étrangement tenaces.

 

chapitre 3

Les jeunes qui sont venus dans les groupes étaient bien à l'image du problème que nous voulions étudier : le plus souvent chômeurs ou suivant des stages, quatre d'entre eux seulement avaient le niveau du baccalauréat, la plupart avaient une activité délinquante, quelques-uns avaient été toxicomanes et plusieurs étaient allés en prison.

 

chapitre 2

Dans chaque commune, quelques jeunes se sont choisis, nous avons veillé à ce qu'ils n'appartiennnent pas au même groupe et ne forment pas un groupe naturel. Aucune "bande" ne s'est trouvée réunie dans la recherche. Cette méthode a le défaut de ne pas donner une population représentative au sens où on entend habituellement cette notion puisque les acteurs viennent en fonction de leur disponibilité et de leur désir. On risque alors d'avoir des groupes très marginaux puisque les jeunes les plus enfoncés dans la galère peuvent ne pas participer à ce travail. En fait, il n'en a rien été.

 

chapitre 1

La galère est une expérience collective et peut être analysée comme telle. Dans chacune des cités où nous sommes allés, nous avons formé des groupes de jeunes qui ont accepté de travailler avec nous et de réfléchir sur leur propre situation. Il n'a pas été aisé de former ces groupes. Pour que douze jeunes acceptent de se réunir sans rétribution d'aucune sorte pendant un mois et deux fois par semaine, il a fallu en rencontrer beaucoup, se faire connaître, parler avec les travailleurs sociaux et, au bout du compte, participer peu à peu à la vie des jeunes. Deux mois ont été nécessaires, aux Minguettes beaucoup plus, pour arriver à former chaque groupe. Il a fallu lever bien des ambiguïtés, expliquer que nous ne donnions rien, que nous n'étions pas des travailleurs sociaux et dire simplement que ce travail pouvait être intéressant.

Monday, April 23, 2007

 

FRANCOIS DUBET LA GALERE JEUNE EN SURVIE EDITION POINTS


 

Je donne ce que j'ai reçu

Simone a toujours eu un seul but: faire soigner son fils Mathias, atteint d'une myopathie. C'est un combat difficile, mais Simone est courageuse et aujourd'hui, elle a retrouvé le sourire. Sans ressources, elle a dû naviguer entre Reims où elle était hébergée dans une famille d'accueil et les hôpitaux de Paris, où le diagnostic de la maladie de Mathias et le traitement nécessaire ont été établis.

Au bout de plusieurs années, simone a frappé à la porte d'un centre d'hébergement qui l'a accueillie. Elle a dû alors assurer des va-et-vient interminables d'un bout à l'autre de la ville pour déposer et reprendre Mathias à l'hôpital.
Simone est une battante. Après de nombreuses démarches, elle a fini par obtenir un logement HLM à Reims, en rez-de-chaussée pour faciliter la venue de Mathias.
Aujourd'hui, Simone donne ce qu'elle a reçu, en accordant aussi de son temps aux associations de myopathes.
GM

 

Yohann : Animateur au centre de Maromme, près de Rouen

Depuis onze ans qu'il travaille, Yohann se montre toujours enthousiaste pour son métier d'nimateur en centre de réinsertion sociale. Ce père de deux enfants, âgé de trente six ans, licencié en psychologie, apprécie un métier qui se renouvelle sans arrêt. "ici ce n'est jamais figé, c'est toujours en mouvement, en réflexion."
Actuellement, il participe à un projet où l'autonomie et l'apprentissage sont les maîtres mots. Il s'agit de proposer les étapes d'insertion à chaque personne en fonction de sa situation. "Ici, pas de cantine, chacun prépare son repas, gère ses revenus et limite ses dépenses. Cette étape vers l'autonomie nécessite une bonne confiance en soi. Nous travaillons pour que les personnes en difficulté ne soient plus dans la réparation mais dans la promotion d'elles-mêmes."

Le centre accueille dix-huit hommes âgés de 18 à 60 ans, au sein d'une petite structure conviviale. "Les personnes, sont impliquées dans la vie de l'établissement. C'est une démarche participative d'actualité", souligne malicieusement Yohann.
"Les membres sont inivités à se prononcer sur le fonctionnement et à émettre des propositions qu'ils mettront eux-mêmes en places."
Dernière en date, la création d'un espace de réception pour recevoir familles ou parents. "Ce sont les personnes hébergées qui s'occupent de trouver fauteuils, tables et canapés. Nous, nous veillons à ce que les mesures de sécurité soient respectées", se rejouit-il. Pour lui, le centre de Maromme est un lieu charnière entre l'accueil d'urgence, le centre d'hébergement et la vie en résidence. Une école de l'autonomie, que Yohann n'entend pas lâcher.
GM

 

Casa Bella

Au Havre, quartier sud, la situation de nombreuses familles est difficile. Les logements sont souvent en mauvais état. Inconfortables, parfois insalubres, ils ne sont plus accueillants pour les familles.

Pour Lilian Tilly, son responsable, le seul but de Casa Bella est d'aider les membres d'une famille à se sentir bien chez eux en améliorant ensemble leur appartement. Chacun doit "mettre la main à la pâte". Dans une famille qui a repeint les murs de son appartement, même la petite dernière a apporté sa contribution.
Chaque famille participe financièrement aux travaux pour une somme modique. Un technicien du bâtiment est toujours présent pour apporter son savoir-faire. Du sol au plafond en passant par les sanitaires et les cloisons, tout peut être amélioré. Casa Bella est née au Havre d'une volonté municipale, avec l'appui des pouvoirs publics et de partenaires (Municipalité, Région, Conseil général, EDF, CAF?Fondation de la Caisse d'Epargne).

Depuis, l'Armée du Salut organise les chantiers dans les familles. Toutes celles qui demandent une aide doivent établir un dossier dans lequel on évalue l'ampleur des travaux, mais surtout la motivation de tous les membres de la famille. Trente-deux familles ont d'ores et déjà bénéficié de cette aide. Pour elles le but est atteint : avoir travaillé ensemble, pour être bien ensemble.
FC

 

Sira Diakité responsable de l'espace emploi au Palais du PEUPLE A PARIS

Nous accueillons ici plus de 150 personnes, des hommes seuls, qui ont pour la plupart des problèmes d'emploi et de logement, explique la responsable, Sira Diakité. Certains sont réfugiés de pays en guerre, et avant toute démarche, ils doivent obtenir des papiers de demandeurs d'asile.

Au sein du centre d'hébergement et de réinsertion, nous mettons à la disposition des résidants un servicede recherche d'emploi. Nous établissons un "diagnostic" par rapport à la situation de chaque personne, et nous mettons en place un plan "d'actions" avec des objectifs de recherche d'emploi, à court, moyen et long terme. Nous avons rassemblé tout le matériel nécessaire : ordinateurs avec accès à Internet, imprimantes, téléphones. Les résidants peuvent laisser le numéro de téléphone quand ils rencontrent un futur employeur. Avec ma collègue, nous prenons les messages que nous leur transmettons. Cette organisatiion nous a permis de faire labélliser officiellement notre service comme un espace emploi.
Pour les nouveaux arrivants, nous expliquons le fonctionnement d'internet, les différentes méthodes de recherche d'emploi : comment établir un projet professionnel, comment réussir un entretien d'embauche, mais nous ne faisons aucune démarche à leur place.
De même, quand ils doivent remplir un dossier de demande de logement par exemple, ils votn le chercher à la mairie. On fait une photocopie et ils la remplissent seuls. On les aide à trouver les informations qu'ils ne connaissent pas et quand tout est rassemblé, ils complètent eux-mêmes le document original. Cette façon de faire est importante pour l'autonomie future".
FC

 

Le chantier d'insertion

"Il s'agit de remettre le pied à l'étrier à des personnes qui n'ont pas eu d'activité depuis longtemps, précise Bruno Guibout Directeur du centre d'hébergement et de réinsertion de Radepont et des chantiers d'insertion.
Ici, nous embauchons des personnes en "contrat d'avenir", c'est-à-dire qu'elles perçoivent le SMIC pour un travail de 26 heures par semaine. Nous proposons deux types de chantier d'insertion : les travaux de jardinage à l'abbaye de Fontaine-Guérard ( 27 dans l'Eure), ou ceux de rénovation et d'entretien des chemins de randonnée, abords des rivières, etc.
Le contrat est important pour retrouver l'énergie nécessaire à la reprise d'une activité. Se lever tous les matins, assurer sa mission, collaborer avec des collègues... Tout se réapprend.
Une psychologue, une accompagnatrice logement, une conseillère emploi coordonnent toutes les actions du parcours d'insertion. C'est un travail d'équipe qui permet de suivre et d'accompagner les personnes. Et souvent, à son terme, l'expérience se révèle probante."
FC

 

A 56 ans, j'ai retrouvé une fierté

Pour Kristian, le métier de photographe n'est plus qu'un souvenir. Pendant quinze ans, il mène son activité de gérant de magasin de photos avec son épouse. les affaires sont plutôt florissantes jusqu'à l'arrivée des appareils numériques. Envisageant une formation dans ce domaine, Kristian se heurte à l'absence de diplôme "Là où un CAP suffisait dans le passé". Le couple se retrouve dans une impasse. Ils n'ont plus aucun revenu et la spirale les entraîne jusqu'au RMI. "Je ne savais plus quoi envisager, se souvient Kristian, je tournais en rond. J'ai fini par prendre un contrat aidé de six mois comme aide-documentaliste à l'université de Rouen. Mais ils n'ont pas pu me garder à cause de la limite d'âge."

A bout de force et découragé, Kristian trouve un autre contrat dans le cadre du chantier d'insertion. Il intègre le site touristique de l'abbaye normande de Fontaine-Guérard, géré par la Fondation de l'Armée du Salut à Radepont, dans l'Eure. Là, il découvre les métiers du tourisme et devient agent d'accueil à mi-temps.

"Dans ce site extraordinaire, j'ai une aisance relationnelle, explique-t-il. J'ai bouquiné sur l'abbaye, je me suis documenté afin d'apporter les meilleures réponses aux visiteurs. Du coup, je me sens valorisé et à 56 ans, j'ai retrouvé une fierté".
Reste maintenant à consolider les choses. Kristian aborde en janvier 2007 une formation d'agent de loisirs. Pour cette formation, il devra travailler l'anglais et les maths, mais surtout il peut espérer un contrat en bonne et due forme. Il le mérite : ponctuel, motivé et disponible, à l'abbaye, il se montre accueillant, gère la caisse avec rigueur, répond avec exactitude à la demande des visiteurs et retrouve ses réflexes de commercial. "Ce travail m'a ouvert les yeux sur les vraies difficultés des gens. J'ai la chance de retrouver le contact avec des clients, avec une équipe sympathique. Sans eux, cela ne me serait jamais venu à l'esprit de chercher une fonction dans cette voie."
GM

 

Valérie, bénévole "Je conseille un pâtissier pour qu'il trouve son premier emploi"

Valerie, est responsable des ressources humaines dans une entreprise de produits chimiques. Ici, elle vient en tant que bénévole pour aider ceux qui cherchent du travail, mais ne savent pas comment s'y prendre.

Valérie est dynamique, confiante et énergique. "Avec amar, nous faisons le point toutes les semaines pendant une heure et demi. Il vient de passer avec succès son CAP de pâtissier. Dans son cas, ce n'est donc pas un problème de compétences, il n'y a aucune raison à ce qu'il ne trouve pas de travail."
Valérie explique à Amar la façon dont il doit procéder. Faire la liste des sites internet spécialisés en pâtisserie, relever systématiquement les offres d'emploi, répondre à celles qui correspondent à son profil. Ensuite, il faut apprendre à se présenter, à répondre aux questions et être prêt à respecter les règles.
Valérie aide aussi Amar à comprendre pourquoi ses précédents essais dans des pâtisseries n'ont pas été renouvelés.
"Je l'accompagnerai jusqu'à ce qu'il trouve" conclut Valérie, déterminée.

FC

Sunday, April 22, 2007

 

travail tréâtral avec des sans-abri

Comédienne depuis maintenant quelques années,
j'ai eu envie d'entreprendre une tentative de travail avec des sans-abri.
Il s'agissait bien évidemment de leur donner
l'occasion de s'exprimer par le biais du jeu et de l'imaginaire,
mais aussi de recueillir la brutalité et la richesse de leur parole.

J'ai d'abord travaillé à partir d'exercices tout simple,
basés sur la respiration, le rythme, le corps et l'improvisation.
Je me suis vite rendu compte qu'il était plus intéressant, pour eux et pour moi,
de ne pas travailler autour d'un texte de théâtre. La nécessité qu'ils avaient de parler d'eux
et de leur exclusion était beaucoup plus forte.

Je leur ai donc proposé d'écrire des textes à partir des contraintes formelles,
puis de les dire ou de les faire dire à d'autres, avec des petites tentatives de mise
en scène.

Je dois dire que j'ai été surprises et émue par la qualité et l'engagement de leurs oeuvres.

J'espère pouvoir, dès l'année prochaine continuer cet atelier au Centre de la Colombe (la régularité des accueillis est en effet plus propice à ce travail).

Muriel Gaudin

 

Ouverture

Après Saint-Jacque, un nouveau centre d'hébergement et de stabilisation (Crimée), situé dans le 19ème arrondissement de Paris, a ouvert le 19 mars dernier. Il compte 40 places de stabilisation pour personnes isolées ou en couple en provenance, entre autres, du canal Saint-Martin.

 

Des rues et des hommes

André Lacroix, ancien directeur de l'Association Emmaüs, vient de publier "Des rues et des hommes" Chez Dunod. Il y analyse la situation des personnes sans abri et leur place dans la société.

 

Cyberespaces

25 acteurs internationaux du programme Unlimited Potential de Microsofs sont venus visiter le cyberespace de l'Agora le 29 mars pour son caractère innovant. Ce dernier situé dans un centre d'accueil de l'Association Emmaüs à Paris 1er , était un projet pilote à son ouverture en novembre 2003. Depuis, l'association a développé 8 autres cyberespaces.

 

Canal

A la suite du mouvement des enfants de Don Quichotte au canal Saint-Martin, 81 hébergements et 47 relogements de personnes vivant dans des tentes au bord du canal on été réalisé ou sont en cours. Il s'agit de dossiers traités par la Fnars, chargée du suivi des 309 personnes inscrites sur la liste des enfants de Don Quichotte. 98 d'entre elles sont hébergées à l'hôtel.

 

Paris agit contre la précarité

La municipalité s'investit fortement dans la lutte contre la grande précarité. En 2007, le budget solidarité de la ville de Paris s'élève à 2,08 milliards d'euros, soit un quart du budget total.

Les foyers aux revenus très modestes (environ 1500 euros par mois pour un parent seul avec deux jeunes enfants) représentent 16% des foyers parisiens , selon une étude réalisée récemment par l'Atelier parisien d'Urbanisme (Apur). Pour les soutenir, le centre d'action sociale de la ville de Paris accorde aux familles monoparentales (26% des familles parisiennes) modestes une aide de 122 euros pour payer leur loyer : elles sont 9000 à en bénéficier en 2007. "Paris solidarité habitat" offre aussi, depuis le 1er janvier, un soutien financier (200 euros maximum par an) aux familles démunies qui ne peuvent plus payer leurs factures de gaz et d'électricité.

Nous nous engageons fortement sur l'aide aux sans domicile fixe, explique l'adjointe aux Affaires sociales. Mais la politique d'accueil des sans abri est d'abord une compétence de l'Etat" La ville a contribué en six ans à l'ouverture de 600 places d'hébergement d'urgence et à la réhabilitation de 2000 places. Une centaine de places supplémentaires ouvriront en 2007 : c'est le cas de l'ancienne résidence des étudiants de l'Ena, rue de Buci (6è), transformée en maison-relais avec Emmaüs et du domaine de Bellefontaine (Seine-et-Marne), mis à disposition de l'association Coeur des haltes pour l'accueil de personnes seules en détresse. Paris concentre plus de 60% des places d'hébergement en Ile-de-France.
A la halle Saint-Didier (16è), structure d'accueil de jour, "l'accueil est inconditionnel, explique la directrice Marie-José Discazeaux. On ne demande aucune pièce d'identité. Notre public dort dans des hôtels, des foyers d'hébergement ou dans la rue" Dans ce havre de paix, où s'affairent une dizaine de salariés, les SDF peuvent prendre une douche, laver et repasser leur linge, se faire couper les cheveux, être soigné ou simplement prendre un café. "C'est une très grande majorité d'hommes qui ont vécu des ruptures familiales, affectives et professionnelles, témoigne Catherine Michel, assistante sociale. Certains ont seulement besoin de trouver un hébergement. Pour les plus "décrochés", il faut mener un travail de plusieurs mois pour refaire des papiers, obtenir une aide médicale... ou simplement les convaincre de prendre une douche"

Un SDF sur cinq affronte aussi des problèmes psychologiques ou psychiatriques. "Il y a beaucoup de douleur, pas seulement de la misère", Confirme Mohamed Baradi, un agent d'accueil. Des "travailleurs pauvres" franchissent aussi la porte de la halle. Comme ce jeune homme du sud de la France, "monté" à Paris et qui, faute de logement , dormait cet automne dans sa voiture. Ou Medhi, un jeune serveur venu de Guadeloupe, en costume cravate : " J'ai trouvé une place en foyer grâce à l'aide de la halle", sourit-il. Hatem, 52 ans, pousse chaque jour la porte de la halle Saint-Didier. Ex-réceptionniste dans un hôtel de Passy, gravement épileptique, ce fils d'agriculteur a perdu son emploi en 1995. Séparé de sa compagne, il n'a plus de domicile et partage ses nuits entre centre d'hébergement et la rue, avec une couette et des cartons comme couchage. "Ici j'oublie les problèmes de la nuit, confie-t-il, enroulé dans une écharpe noire. Les travailleurs sociaux m'ont aidé pour mon dossier de RMI et pour une demande de logement. Ils sont comme mes amis : je peux discuter de tout avec eux" A la halle, il bénéficie aussi de l'espace coiffure. "C'est un plus pour des entretiens pour retrouver du boulot", sourit Hatem. Ce soir? Il dort dans un foyer d'accueil. "Je cherche mon salut le plus vite possible, explique-t-il. Que je sorte de cette situation avec un travail et un logement."

Paris compte 60 000 allocataires de RMI : une progression de 20% en deux ans. Il s'agit d'un phénomène national, même si la situation est désormais stabilisée à Paris. " La modification du régime d'indemnisation chômage et du statut des intermittent a poussé vers le RMI plusieurs milliers de Parisiens", estime l'adjointe en charge de l'Exclusion.
Les allocataires du RMI bénéficient d'un suivi personnalisé au sein des espaces Insertion, grâce au Programme départemental d'Insertion (55Millions d'euros par an). En 2008, la totalité du térritoire parisien sera couverte par ces structures. " Nous recevons tous les nouveaux demandeurs du RMI pour une ouverture rapide de leurs droits grâce aux agents de la Caisse d'allocations familiales présent deux fois par semaine, explique David Andreu , directeur de l'espace Insertion Titon (11è). Notre priorité est de leur faire retrouver un emploi" Véritable guichet unique, l'espace insertion propose des rendez-vous avec des conseillers ANPE et des assistantes sociales, mais aussi des ateliers spécialisés de recherche d'emploi, un espace cyber-emploi, des permanences d'avocats... Parmi les demandeurs , 40% sont désormais de jeunes diplômés et 70% ont moins de 35 ans. "Quand on perd son salaire, on perd son dernier filet de sécurité, ajoute David Andreu. L'insertion passe donc aussi par un soutien moral, psychologique et sur le logement." Une permanence de l'Equipe départementale logement apporte ainsi une aide juridique aux familles menacées d'expulsion locative : un service gratuit mis en place depuis cinq ans sur tout le territoire parisien. Sur l'emploi, les premiers résultats sont encourageants. Dans le 11è , plus d'un millier d'allocataires sont sortis du RMI en 2006, soit deux fois plus qu'en 2005. Au total, l'ANPE estime à 20 000 le nombre d'allocataires parisiens qui ont retrouvé une activité l'an passé et 6200 ont retrouvé un emploi grâce à un dispositif spécifique financé par la collectivité parisienne. Jimmy, 25 ans, Bac+5 en poche, s'est inscrit au RMI après un an et demi de stage. "J'ai rencontré une conseillère emploi en moins de deux heures, se rejouit-il. La qualité de l'accueil est impressionnante. Il y a même un téléphone pour appeler des entreprises."

Thursday, April 19, 2007

 

J'ai découvert la misère de la rue

Pendant quarante ans, Pierre-André Dubeaux a été cardiologue dans un hôpital. Depuis seize ans, une fois par semaine, il assure des consultations gratuites pour les personnes en grande difficulté. "Je pensais avoir connu le pire avec la souffrance hospitalière. Et puis, j'ai découvert la misère de la rue" A sa grande stupéfaction, Pierre-André voit arriver des personnes atteintes de maladies disparues depuis l'après-guerre, des abcès dentaires importants, des pneumonies graves..."Les personnes souffrent de dénutrition et leurs défenses immunitaires sont au plus bas" Au total, Pierre-Andrée Dubreaux pratique 400 consultations par an. Les maladies les plus courantes sont les troubles psychologiques accompagnés d'une dépendance à l'alcool ou à la drogue. Ensuite, il y a les bronchites , puis les problèmes dentaires et cutanés (pieds abîmés, gale..) Devenu médecin des pauvres, Pierre-André prend sa mission avec humilité. "Avant le Cène, Jésus lave les pieds de ses disciples. C'est une leçon qu'il nous donne. Je suis chrétien et au service des autres." confie-t-il.

Au lieu d'attendreque les personnes viennent le voir, c'est lui qui se déplace dans la salle commune. "Ils ont besoin d'aide, mais ils n'osent pas toujours venir me voir. En allant à leur rencontre, je me rends accessible." Son rôle lui permet de fournir certains médicaments et surtout d'être à l'écoute des souffrances. "Quand les maladies nécessitent un traitement complexe , j'oriente les patients vers les hôpitaux."

 

A 15 ans, j'étais déjà à la rue

Mise à la porte du logement familiale à l'âge de 15 ans, Yvette a passé toute sa vie à chercher une condition de vie plus stable. Enceinte à 16 ans et aux prises avec l'alcool, elle rencontre un garçon qui l'accueille mais qui décède un an plus tard. " Ma fille a été placée dans une famille d'accueil jusqu'à ses 18 ans. Moi, je faisais des ménages.. " Quelques années plus tard, la vie lui donne une seconde chance. Avec son nouveau compagnon, ils ont un fils. Puis, au bout de sept ans, c'est la rupture. Yvette doit quitter l'appartement. "Le rmi me permettait de payer dix jours d'hôtel par mois. Le reste du temps, je dormais dans la rue." C'est là qu'elle rencontre Jean-Marc, son compagnon d'infortune. "A deux, dans la rue, on est plus fort. Dans la région de Lens, il n'y a qu'un foyer pour homme. On avait acheté une tente, mais on nous l'a volée" Yvette et Jean-Marc décident alors de partir pour Dunkerque. "Depuis deux mois, nous dormons à l'hôtel. Un centre d'accueil nous permet de faire notre lessive, prendre une douche et manger pour un euro. L'ambiance est conviviale." Yvette souhaite surtout obtenir un logement pour accueillir ses enfants. "Pour eux, je ne baisserai jamais les bras."

 

Des soins médicaux pour les personnes sans abri

Installé récemment au siège de la Fondation, le centre "Lits halte Soins Santé" (anciennement CHUSI) accueille des personnes sans abri malades ou blessées, pendant quelques jours ou quelques semaines. Elles sont adressées au centre par le SAMU social ou par les hôpitaux parisiens. La moitié d'entre elles ont plus de 50 ans. Ce sont des personnes sans domicile dont l'état de santé nécessite des soins médicaux. La capacité d'accueil a été portée à 42 places. A travers les consultations du médecin et de l'équipe soignante, le personnel tente de soutenir le moral des bénéficiaires, d'écouter leur détresse et d'y apporter une aide appropriée. Grâce à un rapport de confiance patiemment installé, il parvient quelquefois à aider ces personnes dans leurs démarches de soins ou pour une orientation. L'enjeu est de tout mettre en oeuvre pour que la sortie du Centre ne signifie pas une rechute et un retour à la vie dans la rue.

 

Centre d'accueil de jour "Au coeur de l'Espoir"

Près de 45 personnes fréquentent chaque jours le centre. "Nous établissons un contrat d'accueil qui peut être, dans un premier temps, de bénéficier des prestations (repas, laverie, sanitaire...), puis, en installant une relation de confiance, d'envisager des démarches et un projet personnel. Il peut s'agir de refaire ses papiers d'identité ou de s'inscrire à la CMU, ou encore d'entamer des démarches pour trouver un hébergement", explique Séphora Vasseur.

 

L'armée du salut fait face à l'hiver

Au coeur de l'hiver, l'Armée du Salut est en ordre de marche. Les organisations, pour offrir des vêtements et servir des repas chauds, se sont mises en place un peu partout tandis que les centres d'hébergement fonctionnent à plein régime.
Des lits supplémentaires sont installés en périodes de grands froids dans les centres d'hébergement. L'an dernier, la Fondation en a proposés 360. Cet hiver, elle va encore plus loin : toute place qui se libère dans ses centres est réservée aux personnes orientées par le 115.
En cas de froid extrême, certains locaux comme ceux des accueils de jour restent ouverts et offrent un abri pour passer la nuit au chaud.
Au Havre, ce sont 50 places d'hébergement d'urgence supplémentaires qui sont offertes dès que le niveau 2 du plan grand foird est déclenché. Installé dans un gymnase de la ville, cet hébergement s'accompagne d'un diner et d'un petit déjeuner. Des places réservées aux femmes avec ou sans enfant sont mises à dispositions dans le centre Les Glycines à Nîmes. "Nous n'avons pas de structure collective. Ce sont soit des chambres individuelles, soit des appartements partagés entre deux familles, soit ponctuellement des chambres d'hôtel. Ces neuf logements sont dispersés dans la ville, mais des partenariats nous permettent d'avoir le personnel sur place pour accueillir ces femmes en détresse" explique son directeur Bernard Mathes. Ces femmes sont souvent victimes de violences conjugales. "Nous les accueillons sans conditions, mais nous n'avons pas toujours de places disponibles, regrette t-il. Nous engageons à garder la personne jusqu'a ce qu'elle trouve une solution plus stable, ce qui allonge la durée moyenne de séjour" Très souvent, l'accueil d'urgence s'adosse à une structure permanente disposant de personnels spécialisés pour des soins infirmiers ou des démarches administratives urgentes.

Un service de "soupes de nuit" est assuré par l'Armée du Salut tous les soirs à Paris et Lyon et deux fois par semaine à Nice. Malheureusement, le nombre de personnes en situation de grande détresse ne cesse d'augmenter. Les restaurants comme celui de Mulhouse ont affiché déjà complet en septembre. En mai dernier, ce centre a donc ouvert une épicerie sociale permettant de "faire son marché" pour quelques euros symboliques.

A Strasbourg, entre 40 et 80 personnes viennent, quatre matin par semaine, prendre du pain, du fromage, du jus d'orange et du café chaud à volonté. "En période de grand froid, nous servons si jours sur sept" explique le major Jean Olekhnovitch. Ces petits déjeuners sont servis à Marseille, Strasbourg, Mazamet (Tarn) ou encore Boulogne-Billancourt, en région parisienne. Dans cette ville, l'Armée du Salut a passé un accord avec d'autres associations. "Nous servons une vingtaine de personnes par matinée. La plupart viennent des centres d'urgence de nuit qu'ils ont dû quitter d'urgence de nuit qu'ils ont dû quitter très tôt le matin" confie le major Bernard Fournel. Ce service de repas est l'occasion d'échanger quelques mots avec les sans-abri pour essayer de les sortir, un moment, de leur solitude et les empêcher d'y sombrer à jamais... B.M

 

Je voulais comprendre la souffrance des personnes sans-abri

Alexandra s'était toujours dit qu'elle serait bénévole dès qu'elle arrêterait de travailler. C'est chose faite depuis un an et demi : "deux fois par semaine, elle apporte son aide pour servir des repas dans la rue.
Issue d'un milieu favorisé, je n'ai jamis été confrontée à la pauvreté. J'en avais une image faussée par les média, toujours à la recherche de spectaculaire. J'en ei eu assez de regarder la vie à travers la télévision. Je voulais être acteur principal et agir sur le terrain. Je voulais comprendre et ressentir les choses par moi-même en entrant en contact direct avec les gens qui sont dans la rue.

Alexandra a commencé son action de bénévole au mois d'août. Ces quelques heures lui permettent d'imaginer ce que c'est qu'être dehors au mois de décembre quand les morsures du froid vous engourdissent les doigts. Elle découvre aussi la grande solitude des personnes sans abri, et la violence des comportements, à Paris au mois d'août lorsque tout el monde est en vacances.
Les fortes chaleurs attisent l'agressivité, y compris vis-à-vis des bénévoles. On ressent une nervosité dans la file d'attente à laquelle je ne m'attendais pas. Les gens sont aussi beaucoup plus seuls.

En venant régulièrement depuis des mois, les bénéficiaires commencent à s'habituer à elle. Les gens aiment bien voir les mêmes personnes. Ils nous font plus confiance. Un jour, ils nous demandent par exemple si la soupe est bonne et nous offrent ainsi une possibilité de commencer une conversation. Certains nous racontent alors un bout de leur histoire. Cette expérience m'apporte plus de compassion. Je suis devenue plus indulgente avec les autres. J'ai compris qu'on n'est jamais à l'abri, que quelque chose peut déraper au point de faire basculer une personne, jusque dans la rue, conclut Alexandra

Tuesday, April 17, 2007

 

Accueil d'urgence : Une porte qui s'ouvre sur l'espoir

Une femme battue par son mari s'enfuie de chez elle sans même prendre le temps d'enfiler un vêtement, un jeune qui ne fréquente plus l'école est mis à la porte par ses parents, un homme en arrêt longue maladie est expulsé de sa maison... Ils sont plus de 1;2 million en France à composer le 115, le numéro national d'urgence gratuit pour les sans-abri. Plus des deux tiers des demandes concernent l'hébergement. Chaque année, ils sont de plus en plus nombreux à pousser la porte d'un centre d'accueil d'urgence pour demander le gîte et le couvert. Les plus jeunes et les plus combatifs ont des chances de retrouver une vie normale, à condition de ne pas s'enfermer trop longtemps dans un système d'assistance. Les autres auront besoin d'une prise en charge plus longue, ne serait-ce que pour les empêcher de perdre pied. Dans les centres d'urgence, de nuit comme de jour, les professionnels tentent de donner un peu plus que le minimum vital. Grâce à un travail de fourmi, ils essaient d'aider la personne à formuler un projet.

Le petit café avec la tartine du matin est une bonne occasion de lier connaissance, explique cette responsable d'un accueil de jour. Il suffit d'une poignée de mains ou de se rappeler qu'un tel prend trois sucres dans son café ou du lait. Dans un monde où bien souvent les passent regardent par terre quans ils croisent un sans-abri, ce sont de petits signes de reconnaissance qui apportent un réconfort. Des petits riens qui installent une relation. Il y a un échange qui se fait et qui les empêche de se sentir totalement exclus. A force d'écoute et de patience, un jour, les langues se dénouent au hasard d'une circonstance. La personne raconte un bout de son histoire et les professionnels tentent de déceler ses besoins à travers son discours. Ils vont alors commencer un travail en profondeur pour l'orienter vers les services spécialisés. "certains ont perdu tous leurs repères. Il faut leur réapprendre les principes d'hygiène : se laver, porter des vêtements propres, prendre soin d'eux.

Nous prenons rendez-vous avec un médecin. Nous intervenons auprès des organismes pour défender un dossier afin d'obtenir des papiers d'identité, le RMI ou l'accès aux soins. Peu à peu, la personne retrouve ses droits, et une image d'elle-même qui soit digne, explique un travailleur social d'un centre d'accueil. L'objectif est d'amener la personne à avoir envie de quitter cette situation marginale. "Si cette demande n'est pas formulée, tous ses efforts seront voués à l'échec. La personne risque alors de s'isoler davantage. Elle ne viendra plus. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il faut beaucoup d'énergie pour dire stop, j'en ai assez de dormir dehors" prévient Odile Jeandeau, directrice d'un centre d'hébergement et d'accueil de la région parisienne.

Tout projet de réinsertion demande du temps. "Plus la personne sera restée longtemps à la rue, plus il faudra du temps pour l'aider à s' en sortir. Il faut environ cinq ans pour qu'une personne commence à se reconstruire" reconnaît la responsable d'un centre pour sans-abri. Or, l'accueil dans les centres d'urgence est par nature de courte durée. Les gens viennent dormir pour quelques nuits tout au plus et vont dans un autre centre, ce qui n'est évidemment pas satisfaisant. Ces centres servent souvent de passerelles vers des structures d'accueil plus pérennes. Signe des temps, ces structures sont un peu plus nombreuses à accueillir les gens sans limitation de durée.
l'Etat a, semble-t-il, pris en compte la demande des associations : c'est une nécessité pour ces personnes de trouver une situation stable, et il devrait créer d'ici 2007, 4000 places supplémentaires dans les centres d'accueil.

 

entretien avec Harry Roselmack Journaliste

Avec l'hiver, bien sûr les personnes sans abri ont des besoins, ils ont faim et froid. Mais je pense qu'ils aspirent à plus. On a tendance à les traiter avec indifférence, à les assimiler au décor sinistre de l'hiver, mais ce sont des hommes.
Ils ont eu des rêves, des désirs, des projets. ils les ont perdus. Et ils sont là, sur le trottoir, au pied d'un réverbère à se laisser mourir peu à peu, comme un suicide public.
Jepense que la première chose à faire est de leur donner à nouveau une raison d'espérer. Pour cela, il faut les aider psychologiquement à retrouver ces rêves et à les formuler. C'est certainement très long. Avant de leur demander d'accomplir des démarches administratives lourdes, longues et fastidieuses, commençons par leur redonner de l'espoir. Les papiers viendront après.

 

J'ai connu une femme qui s'est enfuie de chez elle, par peur de mourir...

Pendant plus de dix ans, quotidiennement, elle a subi les coups de son mari. Ce soir-là, elle a craint pour sa vie. Dans la panique, elle est partie sans rien emporter. Sans argent, sans papiers, sans vêtements, elle a tout laissé, surtout ses six enfants.
La première semaine, elle a dormi dans un centre d'accueil d'urgence pour personnes sans abri, puis elle a pu obtenir une chambre. Grâce à son emploi de femme de ménage, elle a économisé pour obtenir un logement HLM. Deux ans après sa fuite, elle a enfin pu revivre avec ses enfants.
Aujourd'hui, cette femme a retrouvé un équilibre, mais quelle épreuve...
Une donatrice.

 

Il arrive de plus en plus souvent qu'un père de famille abandonne femme et enfant

Ce matin, j'ai reçu un appel de détresse d'une jeune femme. Du jour au lendemain, son compagnon est parti du domicile familial, sans laisser d'adresse. Il l'a laissée seule, sans argent, avec leurs trois enfants de 3 ans, 8 ans et 12 ans.
Cette femme est sans ressources. Elle est très angoissée car elle n'a plus rien pour nourrir sa famille. Nous l'avons dépannée pour quelques jours, le temps qu'elle soit prise en charge par un organisme.
Malheureusement, son cas n'est pas isolé. Il arrive de plus en plus souvent que les hommes démissionnent face à leur responsabilité de père. En général, la femme est sans travail car elle élève ses enfants. Ne pouvant pas subvenir à leurs besoins et menacée d'expulsion, elle risque alors de perdre leur garde.
Texte écrit par un bénévole.

 

Paroles d'un temps difficile

C'est le cas de cet homme de 75 ans. Célibataire, il a vécu toute sa vie avec sa mère. Ensemble, ils se sont coupés du monde et ont vécu sans amis.
Il y a deix ans, sa mère est décédée. Depuis, il est totalement seul, désemparé et sans ressources. Il passe des journées entières sans parler à personne. Ses suels contacts sont les bénévoles de l'association où il vient prendre son repas le soir.
Il y a aussi cet homme de 80 ans qui a travaillé toute sa vie sans être déclaré. D'origine polonaise, il s'est réfugié en France après la dernière guerre.
Il n'a jamais réussi à faire régulariser sa situation. Sans famille, sans retraite, il vit depuis dix ans dans la rue et dort sous un carton. Il manque bien sûr de tout ce qui est essentiel et, en plus il souffre, de solitude.
Texte écrit par un bénévole.

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