Sunday, April 22, 2007

 

Paris agit contre la précarité

La municipalité s'investit fortement dans la lutte contre la grande précarité. En 2007, le budget solidarité de la ville de Paris s'élève à 2,08 milliards d'euros, soit un quart du budget total.

Les foyers aux revenus très modestes (environ 1500 euros par mois pour un parent seul avec deux jeunes enfants) représentent 16% des foyers parisiens , selon une étude réalisée récemment par l'Atelier parisien d'Urbanisme (Apur). Pour les soutenir, le centre d'action sociale de la ville de Paris accorde aux familles monoparentales (26% des familles parisiennes) modestes une aide de 122 euros pour payer leur loyer : elles sont 9000 à en bénéficier en 2007. "Paris solidarité habitat" offre aussi, depuis le 1er janvier, un soutien financier (200 euros maximum par an) aux familles démunies qui ne peuvent plus payer leurs factures de gaz et d'électricité.

Nous nous engageons fortement sur l'aide aux sans domicile fixe, explique l'adjointe aux Affaires sociales. Mais la politique d'accueil des sans abri est d'abord une compétence de l'Etat" La ville a contribué en six ans à l'ouverture de 600 places d'hébergement d'urgence et à la réhabilitation de 2000 places. Une centaine de places supplémentaires ouvriront en 2007 : c'est le cas de l'ancienne résidence des étudiants de l'Ena, rue de Buci (6è), transformée en maison-relais avec Emmaüs et du domaine de Bellefontaine (Seine-et-Marne), mis à disposition de l'association Coeur des haltes pour l'accueil de personnes seules en détresse. Paris concentre plus de 60% des places d'hébergement en Ile-de-France.
A la halle Saint-Didier (16è), structure d'accueil de jour, "l'accueil est inconditionnel, explique la directrice Marie-José Discazeaux. On ne demande aucune pièce d'identité. Notre public dort dans des hôtels, des foyers d'hébergement ou dans la rue" Dans ce havre de paix, où s'affairent une dizaine de salariés, les SDF peuvent prendre une douche, laver et repasser leur linge, se faire couper les cheveux, être soigné ou simplement prendre un café. "C'est une très grande majorité d'hommes qui ont vécu des ruptures familiales, affectives et professionnelles, témoigne Catherine Michel, assistante sociale. Certains ont seulement besoin de trouver un hébergement. Pour les plus "décrochés", il faut mener un travail de plusieurs mois pour refaire des papiers, obtenir une aide médicale... ou simplement les convaincre de prendre une douche"

Un SDF sur cinq affronte aussi des problèmes psychologiques ou psychiatriques. "Il y a beaucoup de douleur, pas seulement de la misère", Confirme Mohamed Baradi, un agent d'accueil. Des "travailleurs pauvres" franchissent aussi la porte de la halle. Comme ce jeune homme du sud de la France, "monté" à Paris et qui, faute de logement , dormait cet automne dans sa voiture. Ou Medhi, un jeune serveur venu de Guadeloupe, en costume cravate : " J'ai trouvé une place en foyer grâce à l'aide de la halle", sourit-il. Hatem, 52 ans, pousse chaque jour la porte de la halle Saint-Didier. Ex-réceptionniste dans un hôtel de Passy, gravement épileptique, ce fils d'agriculteur a perdu son emploi en 1995. Séparé de sa compagne, il n'a plus de domicile et partage ses nuits entre centre d'hébergement et la rue, avec une couette et des cartons comme couchage. "Ici j'oublie les problèmes de la nuit, confie-t-il, enroulé dans une écharpe noire. Les travailleurs sociaux m'ont aidé pour mon dossier de RMI et pour une demande de logement. Ils sont comme mes amis : je peux discuter de tout avec eux" A la halle, il bénéficie aussi de l'espace coiffure. "C'est un plus pour des entretiens pour retrouver du boulot", sourit Hatem. Ce soir? Il dort dans un foyer d'accueil. "Je cherche mon salut le plus vite possible, explique-t-il. Que je sorte de cette situation avec un travail et un logement."

Paris compte 60 000 allocataires de RMI : une progression de 20% en deux ans. Il s'agit d'un phénomène national, même si la situation est désormais stabilisée à Paris. " La modification du régime d'indemnisation chômage et du statut des intermittent a poussé vers le RMI plusieurs milliers de Parisiens", estime l'adjointe en charge de l'Exclusion.
Les allocataires du RMI bénéficient d'un suivi personnalisé au sein des espaces Insertion, grâce au Programme départemental d'Insertion (55Millions d'euros par an). En 2008, la totalité du térritoire parisien sera couverte par ces structures. " Nous recevons tous les nouveaux demandeurs du RMI pour une ouverture rapide de leurs droits grâce aux agents de la Caisse d'allocations familiales présent deux fois par semaine, explique David Andreu , directeur de l'espace Insertion Titon (11è). Notre priorité est de leur faire retrouver un emploi" Véritable guichet unique, l'espace insertion propose des rendez-vous avec des conseillers ANPE et des assistantes sociales, mais aussi des ateliers spécialisés de recherche d'emploi, un espace cyber-emploi, des permanences d'avocats... Parmi les demandeurs , 40% sont désormais de jeunes diplômés et 70% ont moins de 35 ans. "Quand on perd son salaire, on perd son dernier filet de sécurité, ajoute David Andreu. L'insertion passe donc aussi par un soutien moral, psychologique et sur le logement." Une permanence de l'Equipe départementale logement apporte ainsi une aide juridique aux familles menacées d'expulsion locative : un service gratuit mis en place depuis cinq ans sur tout le territoire parisien. Sur l'emploi, les premiers résultats sont encourageants. Dans le 11è , plus d'un millier d'allocataires sont sortis du RMI en 2006, soit deux fois plus qu'en 2005. Au total, l'ANPE estime à 20 000 le nombre d'allocataires parisiens qui ont retrouvé une activité l'an passé et 6200 ont retrouvé un emploi grâce à un dispositif spécifique financé par la collectivité parisienne. Jimmy, 25 ans, Bac+5 en poche, s'est inscrit au RMI après un an et demi de stage. "J'ai rencontré une conseillère emploi en moins de deux heures, se rejouit-il. La qualité de l'accueil est impressionnante. Il y a même un téléphone pour appeler des entreprises."

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