Monday, May 14, 2007

 

chapitre 22

Un des problèmes rencontrés a été celui du langage. Il a fallu que les chercheurs bannissent de leur propos les termes technique ou jargonnants qui sont ressentis comme une violence et une exclusion. Une formule aussi usée que "j'entends bien ce que tu dis" provoque un double rejet : d'une part, les jeunes se demandent pourquoi l'interlocuteur prend soin de préciser qu'il n'est pas sourd et, d'autre part, cette formule laisse croire que le chercheur comprend dans le propos du jeune ce que lui-même n'est pas en mesure de comprendre, qu'il bénéficie là d'un privilège inacceptable. Le fameux "quelque part, provoque la même hostilité car la référence à l'inconsicient ne fait pas partie de la communication banale des jeunes et laisse percer un nouveau privilège de savoir d'autant plus rejeté qu'il n'est que suggéré. Faut-il pour autant parler comme les jeunes? Rien ne serait plus apprendre quelques mots d'argot. Les jeunes savent qui nous sommes et nous acceptent comme tels, quitte à se moquer parfois des "professeurs" Ainsi le mot "connerie", qui désigne la délinquance de la galère, est préférable à celui de délinquance qui évoque, pour les jeunes, une pratique plus organisée, généralement postérieure au passage en prison. Le mot "rage" est préférable à celui de révolte et le mot de "galère" lui-même, comme celui de gang dans la sociologie des années 1930, désigne une expérience de vie que le vocabulaire sociologique ne parvient pas à résumer. Ici, l'exotisme consisterait à traduire toutes ces notions en termes savants.
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