Monday, May 14, 2007

 

chapitre 28

Au lieu d'identifier chaque acteur à une position, à un projet ou à une stratégie, il fallait considérer que l'ensemble du groupe portait une multitude de significations relativement autonomes et que chaque jeune incarnait simultanément toutes ou presque toutes les significations. Non seulement il fallait abandonner toute idée de principe d'unité de chacun des jeunes, ce qui l'était encore moins. Le principale central de l'analyse devait être l'absence d'unité de chaque groupe et de chaque jeune. Ce n'est qu'au moment où ce renversement a été opéré que les jeunes ont accepté de se reconnaître, dans les quatre groupes formés dans les banlieues françaises, dans l'analyse proposée par les chercheurs. La galère est cette hétérogénéité même. Il fallait admettre, un peu contre tous les réflexes typologiques établis, que les jeunes étaient "tout à la fois", ce qui expliquait le déversement de discours et d'analyses éclatés, et le refus catégorique des jeunes de se laisser clore par l'un d'entre eux, de se laisser définir par une culture, par des normes propres, celles du quartier, de la bande ou de toute autre logique. Parce qu'elle est définie par l'éclatement, l'expérience de la galère ne peut être saisie par une méthode ethnologique à cause de l'absence de cohérence interne d'une culture, d'une idéologie, d'une vision du monde, d'un système d'attitudes personnelles.

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