Saturday, May 26, 2007

 

chapitre 35

Ces sentiments de désorganisation sont si forts qu'ils conduisent les groupes, qui, nous le verrons, haïssent pourtant la police, à reprocher aux policiers de ne pas assez intervenir pour les protéger, d'abord contre les fous, ceux qui tirent et qui ont des chiens, mais aussi contre la délinquance dont ils sont alternativement les coupables et les victimes. Un garçon raconte sans rire qu'on lui a volé une mobylette qui lui rendait bien des services et qu'il avait d'ailleurs lui-même volée : "J'avoue franchement que le mec que je prends à piquer, je lui explose la gueule." Il faudrait une police lus ferme et plus efficace. Même aux Minguettes, pourtant en guerre avec la police, les jeunes demandent au commissaire de s'occuper d'eux en tant que victimes, de venir sur le quartier faire respecter la loi et l'ordre; la police devrait protéger les jeunes contre eux-mêmes et surtout protéger les enfants contre les mauvais traitements de leurs parents. Les appels à la police n'effacent évidemment pas la haine, mais ils indiquent que le sentiment de désorganisation est profond et qu'il n'est pas vécu comme une "différence culturelle", comme une habitude de vie autonome en butte au regard des étrangers, mais au contraire comme une destruction interne qui s'exprime là sans référence à un passé convivial, à la différence, nous le verrons, du discours des adultes.

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