Saturday, May 26, 2007

 

chapitre 45

La société est perçue comme un ordre immuable et toutes les énergies qui restent sont mobilisées pour la survie. Il se créé une conscience mélancolique où le jeune laisse les événements décider pour lui. Cette dérive est décrite dans la dérision, le désespoir et les petites combines à courte vue puisqu'il n'y a pas de projet et pas d'avenir. "Mon avenir, je ne le voit pas, c'est tout." Le sujet se replie et se défait et il n'a plus la capacité d'accepter le travail proposé ou l'effort nécessaire à l'examen. "Le réveil ne sonne pas", "J'ai oublié d'aller au boulot", "C'est trop looin", "J'ai raté le bus", "J'y suis allé un jour et j'ai compris"... Ces "accidents" vont bienau-delà de la "fainéantise" parce que "moi, au fond, dit un jeune de Clichy, je ne suis pas fainéant". "J'arrive pas à m'en sortir, c'est tout... Je laisse le temps arriver comme il arrive." Le sentiment d'impuissance est total; plus rien ne peut advenir et l'on fait que rien n'advienne. "On n'a pas de bases, pas du but. Tout le monde nous ferme la porte. j'ai dix-sept ans, j'ai fait un stage, mais un stage, j'en ai rien à faire." Chantal explique : "J'ai rien appris à l'école, j'ai pas le niveau, c'est bouché partout, mêem aide-soignante dans un hôpital, je peux pas." Alors, plutôt que d'échouer encore une fois, Chantal ne fait plus rien. S'il est une image douloureuse de la galère, c'est bien celle-ci, celle de l'enchaînement des échecs, du sentiment d'être hors jeu et ne plus avoir envie de jouer.
La seconde face de l'exclusion est celle de la frustration; parce que le désir de participation conforme reste vivant et ne peut être satisfait, il conduit souvent vers des statégies de type délinquante.

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