Wednesday, May 02, 2007

 

Chapitre 7

L'ensemble des adultes qui sont directement concernés par les jeunes de la galère ne forme pas un système simple; les attitudes des parents, des enseignants, du voisinage, des policiers, sont loin d'être univoques même si toutes participent de la formation de la galère. Les enseignants et les travailleurs sociaux sont-ils de simples agents de contrôle, les policiers et les juges de purs agents de répression? Pour comprendre une expérience aussi flottante que la galère, il faut se débarrasser de ces images trop simples qui aboutissent le plus souvent à faire des jeunes de pures victimes ou de purs héros.
C'est à partir de ce constat banal que nous avons formé cinq groupes d'adultes sur le même principe que les groupes de jeunes. Dans chacune des communes où nous avons travaillé, nous avons formé un groupe d'adultes concernés par les problèmes des jeunes et par la participation à notre recherche. Par le réseau des relations qui s'offraient à nous, parfois par le porte-à-porte, par certaines association et d'une façon aussi chaotique et difficile que pour les jeunes, des groupes d'adultes ont été constitués. Pour moitié, ces groupes ont été formés d'acteurs qui s'appellent eux-mêmes les "gens", c'est-à-dire des parents, des gardiens d'immeubles, des ouvriers, des commerçants, bien souvent des personnes n'appartenant à aucune organisation mais intéressées par notre recherche. Les raisons de cet intérêt sont multiples. Il peut s'agir de personnes excédées par la petite délinquance et qui voudraient faire quelque chose. Il peut s'agir de personnes qui éprouvent des difficultés importantes avec leurs propres enfants. Parfois sont venus des militants de quartier et des parents d'élèves organisés. Il y eut aussi quelques ouvriers syndicalistes inquiétés par l'évolution de la société.
La seconde moitié des groupes était formée de professionnels, enseignants, travailleurs sociaux, policiers, que ce travail intéressait d'une façon plus particulière. Bien souvent, il s'agissait de personnes en rupture avec leurs certitudes anciennes et désireuses de réfléchir en dehors des cercles strictement professionnels. Tous ces acteurs sotn venus à titre personnel, ils n'étaient pas chargés de représenter leur profession ou leur service et, dans la majorité des cas, ces personnes ne se connaissaient pas et ne travaillaient pas ensemble. De même, elles ne connaissent pas directement les jeunes et nous avons veillé à ce que les adultes ne soient pas les parents des jeunes des groupes afin de ne pas alourdir le travail par des problèmes trop dramatiques et trop personnels.
Le premier groupe d'adultes, celui qui a travaillé durant les réunions du groupe de jeunes d'Orly, a été formé à Sartrouville. Par la suite, nous avons formé les groupes dans la même commune afin de faciliter le travail et surtout de permettre aux groupes de jeunes et d'adultes de réfléchir sur des situations proches. Dans le groupe de Sartrouville, l'influence des "gens" a été dominante. Le groupe de Champigny a été plus équilibré. Le problème des Minguettes étant surtout l'intégration des jeunes dans le système politique local, nous avons formé un groupe d'adultes composé presque essentiellement de professionnels souvent liés à la municipalité. Le groupe de Clichy, équilibré, était plus proche des classes moyennes. Enfin, dans le groupe de Seraing, nous avons privilégié l présence des ouvriers aux dépens de celle des professionnels. Dans l'ensemble, il s'agit de groupes assez "populaires", proches des parents des jeunes de la galère, et dans lesquels les femmes étaient nombreuses et très actives.

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