Thursday, June 21, 2007

 

chapitre 116

Lorsqu'ils se rencontrent dans les banlieues, jeunes et adultes paraissent n'avoir rien à se dire. En dehors de l'image générale d'un danger représenté par les jeunes des quartiers voisins d'une part et de l'intimité des relations familiales d'autre part, les adultes n'ont aucune représentation stable des jeunes: ceux-ci sont tour à tour anomiques, perdus, victimes pitoyables, attendrissants, menaçants, coupables, méchants... Les jeunes sont en dehors et incarnent un monde défait et peu perceptible. Ces jeunes ne sont pas "ceux" des adultes qui ne reconnaissent pas leur propre jeunesse dans la galère, son incertitude, son extrême passivité, sa dépendance et sa rage. Aussi, toutes les explications circulent et aucune ne se stabilise. Les jeunes décrivent la même désorganisation et le même manque de projet collectif que les adultes, les uns et les autres ne manifestent ni solidarité ni conflit, et ne peuvent guère se reconnaître mutuellement à travers des points communs définis par les uns et par les autres comme des absences, comme des vides. Alors, les jeunes, qu'on les croit coupables ou victimes, sont perçus comme des classes dangereuses.
Cependant, ce sont bien les mêmes problèmes, vécus de façon différente, qui dominent chez les jeunes et chez les adultes : faible intégration, déficit des convictions et de l'action collective, images ambivalentes des institutions...

fin

Comments: Post a Comment



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?