Monday, June 11, 2007

 

chapitre 63

Désespéré, le syndicaliste, à peine plus âgé que les jeunes du groupe, explique que lui-même a connu la galère et qu'il les comprend. Le syndicat l'a sauvé d'une vie personnelle catastrophique, d'un alcoolisme grave, alors que tous ses anciens copains sont toxicomanes. Il essaie de montrer que la lutte syndicale donne un sens à existence et qu'elle offre un milieu d'accueil stable. les sociologues interviennent aussi pour soutenir cette image plus forte du syndicalisme. Mais cette tentative renverse la situation. Le groupe se réveille brusquement pour s'intéresser au "cas" du syndicaliste, l'analyser, le disséquer, et l'on s'aperçoit vite que le vernis du discours syndical craque. Le jeune syndicaliste raconte sa vie, ses démêlés avec la justice, et c'est le groupe qui le fait entrer dans la galère. A la fin de la séance, l'interlocuteur est devenu membre du groupe et parle comme lui. Lorsque le syndicaliste est distant de la galère, aucune communication ne s'établit, lorsqu'il est jeune et proche de la galère, celle-ci garde encore le pouvoir de l'attirer. Le militant parle rock, "cuite", "poudre", voitures volées. Le discours syndical est, peu à peu, marginalisé et vécu comme une pure rhétorique, totalement étrangère à l'expérience qui lie les jeunes à leur interlocuteur.

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