Saturday, June 16, 2007

 

chapitre 71

Chaque cité comporte ces petits espaces, d'autant plus importants qu'ils sont rares, et dans lesquels se développe cette sociabilité fragile, parfois un café, la maison des jeunes dont on attend l'ouverture dans un impatience agressive, le hall du supermarché en hiver et un morceau de pelouse en été. Les jeunes paraissent déambuler sans but. Bien sûr, l'occupation de ces espaces provoque inévitablement des conflits avec les adultes qui perçoivent cette oisiveté comme potentiellement dangereuse : ils "traînent" toute la journée à l'heure où les autres travaillent ou vont à l'école. La formation des groupes de recherche nous a donné beaucoup de monde sans réellement connaître quelqu'un. Ainsi, au café des Mordacs, lorsqu'un jeune entre, il serre la main à une dizaine d'autres, sans rien dire, s'asseoit à une table avec deux ou trois autres, échange quelques mots, repart une heure après, revient plus tard, comme s'il attendait qu'il se passe quelque chose tout en sachant qu'il n'arrivera rien. Cette sociabilité permet d'organiser de petites choses, de se procurer quelques joies, de trouver de l'herbe, de se passer des revues et parfois, plus rarement de parler de soi. Mais on n'élabore aucune initiative, les animateurs qui veulent utiliser ces réseaux pour proposer des activités aux jeunes savent combien il es difficile de les arracher à l'utilisation des équipements collectifs comme des lieux de rencontre et de protection marginale pour y abriter la galère.

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