Wednesday, June 20, 2007

 

chapitre 95

A Champigny, le vol ne pose guère de problèmes : "Le vol est aujourd'hui pratiqué par tout le monde, c'est pas une chose grave, ça paye pas." La consommation d'herbe est générale; simplement, on termine le joint avant de rencontrer le groupe d'adultes, un peu comme si la fumée pouvait déranger. Aux Minguettes, cette petite délinquance est si banale qu'elle est perçue comme faisant partie des ressources normales de la vie d'un jeune de la cité. Il semble y avoir une micro-économie délinquante à laquelle beaucoup participent sans vivre pour autant un fort sentiment d'engagement dans la délinquance. Certains des initiateurs de la Marche pour l'égalité, qui ont pourtant construit un mouvement de grande importance contre la mauvaise image des Minguettes, expliquent que cette délinquance est totalement associée à la vie des jeunes. Mais c'est à Clichy, où pourtant le groupe était beaucoup plus jeune, que la banalisation délinquante paraît la plus extrême dans la mesure où elle est essentiellement présentée sur le mode du jeu et de la "rigolade" sans gravité : vol de la caisse d'un club de jeunes, démontage des mobylettes volée.. Ici, les jeunes décrivent ces jeux comme dérisoires; généralement, la police se borne à sermonner pour de petits chapardages vite recommencés. Mais il semble que les jeunes pratiquent plus l' "affiliation" que l'"engagement" dans une activité délinquante, parce qu'ils ne perçoivent guère ces activités illégitimes dans les termes d'une alternative normative, mais plutôt comme une activité normale qui s'enclenche par le jeu des relations. Les délits sont vécus comme de simples peccadilles qui n'entraînent ni culpabilité, ni prestige; il n'y a pas de leaders définis par leurs performances délinquantes.

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